7 oct. 2011

Faut-il finir son assiette ?









- « Finis ton assiette !
- « Mais j’en veux plus !
- « Allez, pense aux ptits n’enfants qui meurent de faim et finis ton assiette ! »

Si vous aussi vous avez eu droit à ce magnifique refrain, osez dire que vous n’avez pas eu envie de répondre :

- « Ben justement, on n’a qu’à la leur donner ! »
- « Moi, penser à la famine, ça me coupe l’appétit »
- « Et si je finis mon assiette, ils auront plus à manger les ptits n’enfants ? »

Ben oui, parce que franchement : Tati peut comprendre que gâcher de la bonne nourriture alors que des gens meurent de faim dans le monde, ce soit culpabilisant. En même temps, si ça peut surprendre le cuisinier/la cuisinière la première fois, au bout d’un certain temps, si le cuisinier/la cuisinière ne sait toujours pas doser ses quantités de bouffe, Tati voit pas bien pourquoi ce serait à celui/celle qui a assez mangé, de finir son assiette à peine de culpabiliser.

Parce que le schéma est vrai avec l’enfant, mais il se reproduit avec l’invité :

- « Vous reprendrez bien des gencives de porc au jasmin ? Allez, allez, vous n’allez pas me laisser ça ! »

Ben si en fait, parce que ce n’est pas parce que c’est fête qu’on va se faire vomir ensuite en fait, ou que notre estomac va se mettre à croître d’un coup. Et pis insister, c’est mal élevé. Et puis surtout, Tati soupçonne que la maîtresse de maison voudrait qu’on nettoie l’assiette pour qu’elle ait moins de vaisselle à faire ensuite.

Vous croyez qu’il s’agit d’une phrase d’un autre âge ? et bien non, il y a même des livres pour enfants là-dessus qui se vendent très bien.

Outre qu’il a été démontré à moult reprises que l’éducation par la culpabilisation n’est pas nécessairement une bonne idée.

Habituer l’Enfant à finir son assiette le conduira plus tard à :
- avoir du mal à faire un régime alors que sa santé (morale ou physique) en a besoin,
- prendre du poids, son estomac ayant été habitué à ignorer le sentiment de satiété,
- avoir envie de finir celle des autres, ce qui, en tant qu’invité peut être mal perçu, parce que l’idée d’une assiette pas finie le heurte au plus profond de son être.

Bien que nous soyons tous convaincus de cela, les résultats d’une étude menée au Québec par une organisation pour la nutrition des enfants démontre que « Alors que 100 % des éducatrices [jeunes enfants] sondées disent que l’appétit peut être très variable, d’un enfant à l’autre et d’une journée à l’autre, elles usent toutefois de plusieurs stratégies pour inciter les enfants à manger. En effet, lorsque mis en situation avec un enfant qui n’a pas terminé son repas ou déclare ne pas avoir faim, 8 % des éducatrices ont carrément dit demander à l’enfant de terminer son repas. 14 % utilisent plutôt le raisonnement (ex : manger tes épinards pour être fort) et 5 % utilisent une ruse (termine ton repas si tu veux aller jouer) pour inciter l’enfant à manger ».

Donc, non seulement c’est pas nécessairement une bonne idée mais en plus, ça incite à reproduire un schéma dont on ne sait plus vraiment à quoi il se réfère.


Donc, vous l’aurez compris, n’en déplaise à Nadine de Rotschild, Tati pense qu’il ne faut pas toujours finir son assiette. Ni celle des autres. Sauf si vraiment, vous avez faim ou que c’est très bon, mais là, c’est différent. Mais Tati pense que surtout, au grand surtout, [oui, ça se dit, c’est comme au grand jamais mais avec un surtout à la place] il ne faut pas forcer les autres à finir leur assiette.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire