Lorsqu’il est malade, Tonton Julot est à l’article de la mort. Tonton Julot vit le rhume comme le Christ a vécu son calvaire. En moins digne.
Au premier éternuement, le visage de Tonton se décompose.
Au second, il se met à renifler tristement, en refusant d'un revers de la main le mouchoir tendu par une main secourable au service d'une oreille qui n'en peut plus d'entendre ses reniflements.
Au troisième, il se met à parler d’une voix chevrotante et à errer à travers la maison, à peine vêtu de son jogging le plus laid, traînant avec lui un air de chien (a)battu, et accompagnant chaque pas d’un râle de douleur (« RrrAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa …. » ).
A la menace du cinquième, il n’a plus d’énergie. Trop faible pour mettre sa petite cuillère au lave-vaisselle, sortir de son lit pour prendre une douche.
Ne surtout pas oser suggérer qu'il puisse préparer à manger pour micro-Julot ou changer la couche de nano-Julotte, sans cœur que nous sommes, alors qu'il peut à peine couper seul son steak haché.
Ne surtout pas oser suggérer qu'il puisse prendre un aspirine, un anti-rhume ou qu'il devrait peut être consulter médecin ou pharmacien.
Sans cœur que nous sommes !
Tandis que l'homme se meure, il préférera toujours privilégier les recettes que grand-môman Julot tient de son arrière grand-tante hongroise et qui ont prouvé leur efficacité depuis des générations de Julot. On citera au choix : sucer des citrons, boire de l'essence de thym, gober des huîtres, boire beaucoup d'eau, rester au fond du lit en gémissant de plus en plus fort, et Tati en oublie sûrement, mais reste à l'écoute de toute autre recette susceptible de combler le besoin de Tonton Julot de faire semblant de se soigner tout en préservant soigneusement son microbe.
Mais Tonton n’est pas seul. Le phénomène est en effet si répandu qu'un groupe Facebook a été créé. On sait pas trop dans quel but, mais il existe.
Lorsqu’elle est malade, Tati aussi voudrait s'étendre sur l'asphaaaaaaalte et se laisser mouriiiiiiiiiiiiiiir. Mais bêtement, Tati préfère se sentir mieux. Prosaïquement, Tati quand elle est malade, prend un Fervex/Actifed/Dolirhume. Si ça ne passe pas ou que c’est plus qu’un simple coup de froid, Tati n'hésite à prendre son destin en mains et elle appelle le docteur. Seule. Elle prend un rendez-vous. Ou pas. Seule.
Doit-on en conclure que, tout comme le chêne face au roseau, l’Homme en dépit de son apparente robustesse ne serait qu’une petite chose fragile, terrassée au premier coup de froid, tandis que la Femme serait endurante à toute douleur ?
Peut-on aller plus loin dans le cliché en pensant que c’est d’avoir affronté (ou de devoir le faire un jour, peut être) les douleurs de l’enfantement qui prédispose la Femme à surmonter la douleur ? (ou en tout cas à avoir une approche pragmatique de la chose).
Attention, encore une fois, Tati va faire péter le scoop …roulements de tambour... et Tadaaaaaaa ! … Et bien, non. Non, l’Homme (et a fortiori Tonton Julot) ne souffre pas plus que sa Femme lorsqu’il attrape un rhume.
Mais l'Homme en général, et Tonton Julot en particulier, aime se faire cajoler. Nan mais c'est la faute à Oedipe. Si.
Parce que l'Oedipe de micro-Julot se fait avec manman Julotte. Manman Julotte qui dès son premier vaccin (2 mois et demi), le couve et le surprotège, allant, plus tard, jusqu'à lui faire un mot pour sécher l’école, à la première goutte qui coule du nez ou lorsque des cauchemars l'ont tenu éveillé après 22h la veille.
Alors que l'Oedipe de nano-Julotte se fait avec.... Bravo ! Pôpa Julot ! (c'est bien, vous suivez). Pôpa Julot qui s'en remet habilement à manman Julotte pour gérer les vaccins et les gouttes au nez. Et manman Julotte, elle va pas commencer à faire de nano-Julotte une mauviette, alors, hoplà, on se laisse pas aller, on se soigne, on repart comme un bon petit lapin Duracel !
Nan, mais bon, a y est là, ça s'est vu ! Alors, arrêtez de sucer des tranches d'huître à la vaseline et venez plutôt aider ! Non mais !