30 août 2011

Peut-on parler de tout à tout le monde ?

Shut up

Mais bien évidemment que Nan, voyons !

Ce n’est pourtant peut être pas si évident que ça pour tout le monde.

Prenez le Collègue par exemple… Je vous entends d’ici Lecteur, vous allez me dire « Houlà Tati, vous vous égarez hors des sentiers battus de la parentalité avec votre sujet, là ! », et ben nan figurez-vous parce que la parentalité a tendance à repousser les frontières de l’intimité pour le Parent qui, du coup, n’a plus la conscience de faire part à autrui d’informations qu’Autrui aurait préféré qu’il garde pour lui (lui le Parent, hein, pas lui le Autrui, vous me suivez ?).

[Les événements relatés dans ce post reposent sur des faits réels. Seuls les noms ont été changés pour préserver la vie privée des personnes concernées. Attention, ce post contient des éléments et des liens susceptibles de heurter la sensibilité des jeunes et des moins jeunes mais quand même surtout des primipares].

Par exemple, l’accouchement. La grande aventure de la Femme. Le mystère de la vie enfin résolu. Globalement, qu’est-ce qui va intéresser Autrui ? Que Madame est enceinte. Que Madame accouche autour de telle date. Que l’Enfant est né(e) et que tout le monde se porte bien. En gros, il veut voir ça.

Or, cette grande aventure de la vie, Madame n’a de cesse de la partager. En détails. Avec Autrui. Autrui qui, même s’il a déjà traversé lui-même/elle-même cette épreuve (oui si Monsieur assiste, il traverse une épreuve également), n’a pas forcément envie d’entendre Madame lui donner les détails de son épisio, de sa montée de lait, de sa libération, etc.

Et si Autrui est un homme, encore moins.

Vous pouvez lui raconter comment l’anesthésiste vous a mis un masque à oxygène sur la tronche pour que vous vous taisiez enfin. Vous pouvez lui raconter que l’obstétricien était tellement mignon que toutes les sages-femmes étaient à votre chevet, vous pouvez lui raconter que ne trouvant plus le mot omoplate pendant l’accouchement, vous avez indiqué au médecin avoir mal au « coup du Vulcain ». Mais vous ne pouvez pas sombrer dans le gore.

L’homme voudrait que la femme demeure un mystère. Il ne veut pas entendre sa collègue de bureau hurlant dans un téléphone à 1 mètre de lui, la raison de son appel en urgence à sa gynécologue. Il ne veut pas qu’elle lui montre les plis de son ventre. Il veut continuer à penser que cystite est le nom de son chat.

Le collègue ne cherche pas toujours des amis au bureau. Parfois, le statut de collègue lui suffit. Il n’a pas envie de savoir que « à l’approche de la quarantaine » son collègue, de 6 mois plus jeune que lui, qui n’a que 35 ans, a cherché ce qu’il pourrait améliorer chez lui. Parce qu’il a déjà tout un tas d’idées sur la question que la décence et la politesse l’empêchent de formuler à haute voix d’abord, mais surtout parce qu’il ne veut pas voir l’appareil dentaire posé dans l’intérieur du palais de l’autre, ni entendre les explications sur la difficulté de décoller les petits morceaux de viande après le repas.

Le salarié ne veut pas entendre son DRH lui parler des règles douloureuses de sa fille cumulées à une gastro, pendant qu’il mange un steak tartare à la cantine de l’entreprise.

Autrui est content de savoir que Bébé se développe bien. Il n’a pas forcément envie de savoir que Bébé maîtrise le pot pour le pipi mais que « pour le caca, c’est pas encore ça ».

Et puis surtout, Parent Lecteur, arrêtez de montrer des photos de vos enfants à Autrui s’il ne vous le demande pas. S’il ne vous le demande pas, ce n’est pas parce qu’il a peur de votre refus, c’est parce qu’il s’en tape de votre progéniture. Parce que c’est aussi ça le mystère de la vie : la plus belle merveille du monde pour les uns, est souvent un sujet sans aucun intérêt pour Autrui.

Même s’il n’a pas la délicatesse de Tati Julotte pour vous le dire…

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